Les droits de l’enfant dans un monde numérique

Le monde numérique fait partie de la vie de tout enfant. Ils ne peuvent souvent plus imaginer leur vie sans, et – soyons honnêtes – nous non plus. Hors ligne, les enfants sont protégés par toutes sortes de lois leur permettant de grandir en sécurité et sans soucis. Mais qu’en est-il en ligne ? Car les enfants grandissent aussi dans le monde numérique. Sur quelles lois et quels droits peuvent-ils compter dans ce monde-là ?

Par enfants, nous entendons dans ce dossier toute personne de moins de 18 ans. Ce dossier a été réalisé en collaboration avec le Departement CJM (Département Flamand de la Culture, de la Jeunesse et des Médias), l’Unicef, KeKi vzw (Centre de connaissance des droits de l’enfant), la Kinderrechtencoalitie (Coalition des droits de l’enfant) et le groupe de recherche Law & Technology de l’UGent. 

Des questions sur les droits de l’enfant dans un monde numérique ? Contactez nos expertes Isabelle Bergen en Karen Linten.

Illustratie kinderrechten in een digitale wereld

Les droits de l’enfant sont-ils aussi d’application dans le monde numérique ?

Oui, les droits de l’enfant sont aussi d’application dans le monde numérique ! Les enfants méritent d’avoir la même protection et les mêmes opportunités en ligne que celles dont ils profitent (ou devraient profiter) dans le monde ‘réel’. 

La numérisation offre aux enfants de nombreuses occasions d’exercer leurs droits. Dès l’instant où ils disposent d’un appareil avec Internet, ils peuvent déjà exercer bon nombre de ces droits. Mais la numérisation peut aussi limiter leurs droits puisque s’ils ne peuvent pas suivre numériquement, ils passeront aujourd’hui à côté de beaucoup de choses. Les amitiés, la détente, l’expression personnelle... aussi se passent en ligne aujourd’hui.

4 principes fondamentaux 

La Convention relative aux droits de l’enfant pose 4 principes fondamentaux : 

  1. L’intérêt supérieur de l’enfant : quelle que soit la décision prise, l’intérêt de l’enfant doit toujours être la première considération.
  2. Le droit à la non-discrimination : les droits de l’enfant valent pour tous les enfants. Chaque enfant, indépendamment de sa race, de sa croyance, de son incapacité,… jouit de la même protection et des mêmes libertés en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant. Un enfant se trouve dans une situation exceptionnelle ou de vulnérabilité ? Il y a dès lors lieu d’entreprendre des mesures ou des actions supplémentaires.
  3. Le droit de participation : les enfants doivent être activement impliqués dans les décisions qui les concernent, ce qui veut dire que les enfants peuvent donner leur point de vue et qu’il en est aussi tenu compte.
  4. Le droit à la vie, à la survie et au développement : chaque enfant a le droit de vivre et de grandir le mieux possible. Les États et les entreprises, mais aussi les parents et les enseignant·e·s... doivent veiller à un environnement sûr.
« Si les enfants ont beaucoup de droits dans le monde numérique, ils ont aussi quelques devoirs. Un de leurs principaux devoirs est qu’ils ne peuvent pas porter atteinte aux droits des autres. Les enfants peuvent ainsi exprimer leur avis en ligne, mais s’ils commencent à tenir des propos haineux et portent ainsi atteinte aux droits d’autres enfants, ils sont dans leur tort. »

5 questions fréquentes

La Convention relative aux droits de l’enfant est un document qui a été rédigé et signé en 1989 par 196 pays et qui reconnaît les droits fondamentaux de l’enfant. La convention reconnaît la dignité humaine fondamentale des tous les enfants dans le but de garantir leur bien-être et leur développement. La convention se compose de 54 articles qui énoncent tous les droits civils, sociaux, politiques, économiques et culturels de l’enfant. La Convention relative aux droits de l’enfant s’articule autour de 4 principes directeurs. La convention vaut pour tous les enfants (jusqu’à 18 ans) et est juridiquement contraignante.

Non, les droits de l’enfant ont tous la même importance (dans la sphère numérique aussi). Ces droits sont aussi interconnectés. Sans le droit d’accès et d’expression, le droit d’association est un concept vide de sens. La Convention relative aux droits l’enfant forme donc un tout.

L’observation générale nº 25 du mois de mars 2021 déclare officiellement que les droits de l’enfant fixés dans la Convention relative aux droits de l’enfant doivent également être respectés dans le monde numérique. Elle clarifie les droits et les libertés dont les enfants jouissent dans l’environnement numérique. Vous lirez dans ce dossier comment les 54 droits de l’enfant existants peuvent être appliqués dans le monde numérique.

Oui, d’après l’observation générale nº 25, chaque enfant a le droit de participer au monde numérique. Les États doivent donc prendre toutes les mesures de rigueur afin de vaincre l’exclusion numérique. Ces mesures comprennent notamment la proposition d’un accès gratuit dans des lieux publics et l’investissement dans des programmes et initiatives permettant un accès abordable et utilisant consciemment les technologies numériques dans l’enseignement.

  • L’État a de nombreuses responsabilités quant à l’application et la protection des droits de l’enfant. Dans les grandes lignes, cela signifie notamment que :
  • L’État doit veiller à ce que les droits numériques de l’enfant soient intégrés à la politique nationale et régulièrement évalués et actualisés.
  • L’État doit veiller à ce que toute personne qui travaille avec des enfants ou crée des produits qui leur sont destinés soit consciente de ces lois. Il doit par conséquent aussi veiller au respect de ces lois.
  • L’État doit veiller à ce que les enfants aient accès à la technologie (et puissent ainsi exercer de même tous leurs autres droits).
  • Dans tous les environnements où les enfants ont accès à la sphère numérique, l’État doit veiller au fonctionnement de mécanismes de protection efficaces pour les enfants, tant en ligne que hors ligne.
  • L’État doit veiller à ce qu’il y ait des endroits où les enfants puissent facilement s’adresser en cas de violation de leurs droits. Si des faits condamnables se produisent, tels que de la sextortion ou du phishing, l’État doit garantir l’enquête sur ces faits et proposer des voies de recours aux enfants.

Le droit des enfants à saisir les opportunités des médias numériques aux fins de leur participation éducative, sociale, économique et politique doit être prévu et protégé, tandis que les risques qu’ils pourraient courir en ligne doivent être activement combattus. Les enfants ont le droit d’être conseillés et soutenus dans leur découverte et leur usage des médias numériques, dans le respect des droits et de la dignité des enfants et des autres.

Et si les droits des enfants sont bafoués ?

Bien que la Belgique fournisse différents efforts (législatifs) en vue de protéger les droits de chaque enfant, il est presque inévitable que ceux-ci soient parfois bafoués. Ces violations sont le fait d’entreprises, d’organismes publics, de camarades, de parents ou de tuteur·rice·s. 

Les enfants peuvent défendre leurs droits eux-mêmes.

Souvent, les enfants protègent déjà leurs droits de manière informelle et sans le savoir. Si par exemple un·e camarade de classe poste une photo d’eux sans en avoir l’autorisation, beaucoup d’enfants prendront eux-mêmes les choses en main et demanderont à ce que la photo soit retirée. Sans le savoir, peut-être, ils protègent ainsi leur droit au respect de leur vie privée. Malheureusement, les choses ne se passent pas toujours aussi facilement.

Des enfants ont des questions sur leurs droits ou voient leurs droits bafoués ? Ils peuvent dans ce cas toujours contacter le gestionnaire du réseau social, le Délégué général aux droits droits de l’enfant, l’Autorité de protection des données ou la police locale.

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